Manuel de MUSIC-TOUCH FR140 - Révision du 6 novembre 2007


13. Composer avec MUSIC-TOUCH - Les progressions d'accords (I)

Les chapitres 9 à 15 concernent les amateurs de composition EN TOUTE LIBERTE, mesure par mesure, sans les contraintes simplificatrices de la méthode SUR CANEVAS, décrite par le MANUEL ABREGE.

Notions enseignées :


13.1. Qu'est-ce qu'un accord ?

Les accords constituent le point commun permettant à différents instruments de jouer ensemble de manière harmonieuse. Cette leçon ne prétend pas enseigner l'harmonie mais comporte un ensemble de principes utilisables pour créer des progressions d'accords. Les puristes pourront y voir des simplifications grossières et se dire "Oh mon Dieu, quel sacrilège ! Il a oublié de résoudre la septième...". Mais les débutants (à qui s'adresse ce cours) y trouveront une approche pratique qui leur permettra de créer des compositions et des progressions d'accords. Pardonnez donc notre vue simpliste des choses...

On peut définir un accord de manière générale comme un contexte de quelques notes (3, 4 ou même plus) qui sont entendues simultanément. Les rapports qui existent entre ces notes sont ce qui caractérise la couleur sonore d'un accord et son effet musical.

Dans MUSIC-TOUCH, les accords sont représentés dans la fenêtre de composition par le tableau structuré de base - celui qui apparaît par défaut :

Les chiffres romains de I à VII représentent ce qu'on appelle les degrés. A gauche se trouve le nom des gammes ou tonalités. Voyons cela plus en détail.

13.2. La tonalité et les accords

On peut voir le clavier musical comme une série de 12 touches (7 blanches et 5 noires) qui se répètent sur toute l'étendue. La composition musicale consiste alors simplement à déterminer quelles notes vont être jouées et comment celles-ci vont s'enchaîner dans le temps. En prenant le problème de cette manière, le nombre de possibilités étant tellement énorme, le débutant risque de se perdre complètement et de ne rien composer du tout. Utilisons donc le principe "diviser pour mieux régner" et divisons l'ensemble des notes en contextes appelés Tonalités. Au lieu de Tonalité, on peut dire aussi "la gamme". Ici nous envisageons la gamme de Do pour commencer.

La tonalité la plus simple est la tonalité de Do. C'est un sous-ensemble des notes du clavier qui ne contient que les touches blanches. Un morceau de musique (ou une partie d'un morceau) écrit en tonalité de Do n'utilisera en principe que les notes blanches du clavier musical. Tous les instruments de la partition sont tombés d'accord sur un ensemble de notes à utiliser. C'est une première manière de diviser l'ensemble des notes, afin d'harmoniser les rapports entre les instruments. Nous établissons donc notre première règle de travail :

Dans l'ensemble de toutes les notes possibles, choisissons un sous-ensemble de notes avec lesquelles nous allons composer. Ce sous-ensemble devient notre contexte de notes utilisables et s'appelle la tonalité.

Les 12 tonalités reprises dans le tableau ci-dessus (une par ligne) forment des contextes de notes. Une grande partie de la musique classique et de la variété est écrite en utilisant presque exclusivement ces contextes. Pour cette raison, ils sonnent très naturels et familiers, car c'est ce que la majorité des gens sont habitués à entendre. Il suffit d'ouvrir la radio pour entendre de la musique basée sur les tonalités.

En ayant créé un contexte de notes, nous obtenons des notes que les instruments peuvent utiliser dans un passage musical. Ce passage peut durer une mesure, 20 mesures ou même 200 mesures, c'est le compositeur qui décide. Ensuite il peut changer de contexte pour le passage musical qui suit. Dans notre cas, cela revient à changer de ligne dans le tableau.

Cette première division n'indique pas encore quelles notes sonneront bien ensemble. Prenons la tonalité de Do. Notre contexte de notes est constitué par les notes suivantes :

Les notes de la gamme sont numérotées en degrés, en partant de la note de départ de la gamme (ici Do pour la tonalité de Do). On utilise des chiffres romains de I à VII et on reprend à partir de I pour les notes qui suivent.

A l'intérieur d'une tonalité, il reste encore beaucoup de possibilités. L'expérience vous montrera qu'en jouant par exemple uniquement des touches blanches, il est encore assez difficile pour un débutant de créer des mélodies multiples qui s'harmonisent l'une avec l'autre (par exemple une basse et un chant, les deux mains d'un piano,...). Il reste encore trop de possibilités et il n'y a pas assez de règles directrices permettant de s'orienter. Nous allons encore diviser la tonalité en sous-groupes de notes appelés Accords.

Un accord est constitué de 3 ou 4 (ou plus) notes qui sont destinées à être entendues simultanément. Pour matérialiser la chose, cochez la case Jouer l'accord dans la zone des contrôles et vous entendrez l'accord sélectionné dans le tableau ci-dessus. Les accords forment des sous-groupes à l'intérieur du contexte de la tonalité. Commençons par les groupes de trois notes et construisons sur chaque degré de la gamme un accord formé en prenant une note sur deux. Nous obtenons les accords suivants :

Etant donné que les touches noires du clavier ne sont pas réparties de manière égale (il n'y a pas de touche noire entre chaque note blanche), les rapports entre les notes des accords ne sont pas les mêmes sur chaque degré de la gamme. Pour les distinguer, on décrira un accord par le nom de la note suivi de quelques lettres ou chiffres représentant le type de l'accord. Expliquer un tel chiffrage sort du cadre de ce manuel.

Notre seconde règle de travail s'énoncera comme suit :

A l'intérieur d'une tonalité (une ligne du tableau) et à chaque instant de la partition, les instruments joueront principalement des notes qui appartiennent au même accord, cet accord étant choisi parmi ceux de la tonalité (colonnes I à VII du tableau, sur la même ligne).

Les deux règles énoncées sont basées sur le même principe : choisir un ensemble de notes parmi un grand nombre. L'application de ce principe se fait d'abord pour un contexte de notes (valable pour un nombre variable de mesures) et ensuite à l'intérieur même de ce contexte pour déterminer les combinaisons de notes simultanées.

Dans la zone des notes, vous pouvez observer des notes colorées :

Les notes bleues sont les notes qui appartiennent à l'accord activé dans le tableau. Ces notes appartiennent également à la tonalité (aussi appelée la gamme). Les autres notes sont en vert et appartiennent à la tonalité mais pas à l'accord. Les degrés I à VII sont indiqués sous chaque note.

En établissant des règles de composition, gardons bien à l'esprit que celles-ci ne sont là que pour vous aider à structurer votre musique. Elles ne doivent en aucun cas devenir une contrainte à respecter de manière absolue. Elles ne constituent pas une fin en soi. Elles forment un guide, une méthode pratique qui donne des résultats rapides pour trier les combinaisons sonores possibles. Si l'inspiration vous indique une combinaison sonore que vous aimez et qui communique ce que vous désirez, utilisez-la sans hésiter, même si cette combinaison ne respecte aucune des règles énoncées. Ceci reste valable pour tous les principes de la composition.

13.3. Règles pratiques pour créer des progressions d'accords avec MUSIC-TOUCH

En considérant un tableau d'accords, une progression d'accords est donc une succession de choix de cases dans ce tableau. L'idée est d'associer une case à certaines mesures données (parfois même une case à chaque mesure). Tout l'art sera donc d'enchaîner les cases de manière à ce que le résultat sonne bien, soit cohérent et crée l'effet voulu.

Revenons au tableau de base, celui qui apparaît par défaut. De ce qui précède et de l'observation de ce tableau, nous pouvons établir plusieurs constatations :

Avant d'aller plus loin, soyez certain de bien comprendre ces observations simples car elles vont maintenant nous servir.

Pour la suite de cette leçon, nous allons sélectionner une rythmique afin de pouvoir écouter diverses successions d'accords. Activez par exemple le style "Slow - Rythme" dans le tableau des variations, car il comporte une basse et des accords faciles à distinguer à l'écoute.

13.4. Travailler dans une même gamme

En travaillant avec une même gamme, donc dans une même ligne, tous les degrés n'ont pas la même importance. Le degré I est le plus important car c'est le degré sur lequel la gamme est construite. Ensuite, c'est le degré V, car sa vibration sonore est dans un rapport de 3/2 par rapport au premier degré. Ensuite c'est le degré IV, qui a un rapport de 4/3. Ensuite viennent les degrés II, III, VI et VII qui ont un rapport de plus en plus éloigné avec le premier degré.

L'importance relative des degrés de la gamme va influencer la fréquence d'utilisation de ces degrés. Le discours musical s'orientera principalement autour des degrés les plus importants (I, V et IV). Ces degrés pourront servir de points d'appui pour la mélodie et pour le rythme. Les degrés moins importants seront utilisés plus comme un passage ou une transition. A nouveau, ces règles sont plutôt des tendances que des lois immuables.

Un enchaînement de base qui sonne toujours bien est la formule I ==> V ==> I. Travaillons sur la sixième ligne, dénommée DO (en rouge). Cette formule est donc réalisée en cliquant successivement les cases :

"Do", "Sol 7", "Do"

Ecoutez plusieurs fois l'effet sonore généré. L'accord "Do" génère une impression de stabilité, de quelque chose qui pourrait continuer longtemps. L'accord "Sol 7" vient perturber cet équilibre et donne l'impression qu'il faudrait retourner vers un autre accord, comme si on attendait quelque chose. On dira que cet accord produit une "tension" qui nécessite une "résolution". Le retour vers l'accord "Do" produit cette résolution.

Ce concept de "tension" et de "résolution" a une part de subjectivité. On pourrait simplifier les choses en disant qu'un morceau de musique va créer des tensions à partir d'un accord stable, puis va tenter de résoudre ces tensions par différents chemins. Certains chemins résolvent une tension d'un accord précédent, mais en introduisent une autre, qui sera résolue par l'accord suivant. Ce dernier pourra encore introduire une tension supplémentaire, à résoudre plus loin, etc... Ce principe introduit à chaque fois une impulsion à aller vers autre chose, à modifier l'accord et à garder une motivation pour un changement d'accord, ce qui crée un discours musical, une progression d'accords. La séquence V - I illustre ce principe de manière simplifiée, car le degré V tend naturellement à amener la musique vers degré I, qui résoud la tension.

La résolution V vers I trouve une explication mathématique dans le fait que le degré V vibre à une fréquence sonore de 3/2 par rapport au degré I. Physiquement, c'est une vibration qui est en harmonie proche entre les deux degrés. Le V est attiré vers la fréquence plus fondamentale du I, qui est le plus petit commun dénominateur en fréquence.

Tout cela est de la théorie, mais comment l'utiliser en pratique ?

Rappelons que les degrés sont en fait une succession périodique non limitée, ni à gauche ni à droite. Autrement dit, le degré qui suit le degré VII est à nouveau le degré I et le degré qui précède le degré I est le degré VII. Vous pouvez considérer une ligne comme étant une bande circulaire : lorsque vous dépassez à droite, vous vous retrouvez du côté gauche. Lorsque vous dépassez à gauche, vous vous retrouvez du côté droit.

Sachant cela, examinons le tableau. Passer de V à I revient à décaler de 4 cases vers la gauche. Et si on pouvait généraliser cela ? A partir de la case I (Do), décalez de 4 cases vers la gauche, en tenant compte de l'aspect périodique du tableau. Décaler de 4 nous amène à VII, VI, V et enfin IV. Pratiquement cela revient à décaler de 3 cases à droite.

Nous allons donc établir des règles basées sur des mouvements simples à effectuer dans le tableau. Notre première règle sera :

Sur la même ligne, en décalant de 4 cases vers la gauche ou de 3 cases vers la droite, on obtient un enchaînement qui sonne bien.

En restant dans la même ligne, il y a une exception à cette règle. Lorsque vous passez du degré IV au VII, le résultat est beaucoup moins harmonieux que les autres passages. Cela est dû à la manière dont la gamme est construite et une explication détaillée sortirait du cadre de ce manuel. Disons simplement que le rapport mathématique entre ces deux degrés n'est pas de 3/2 comme les autres et qu'il génère une dissonance importante. Néanmoins, cela peut encore "passer". Disons que l'effet musical généré est plus particulier et devra donc être utilisé avec modération. Si on néglige cet aspect pour l'instant, notre première règle nous donne donc une progression continue, dont la majorité des enchaînements sonneront bien :

I (Do) ==> IV (Fa) ==> VII (Si min b5) ==> III (Mi min) ==> VI (La min) ==> II (Ré min) ==> V (Sol 7) ==> I (Do) ==> IV (Fa) ==> etc...

Ecoutez plusieurs fois cette succession en cliquant respectivement ces cases et en écoutant chacune une ou deux mesures. C'est une règle simple qui vous permet déjà de créer une progression d'accord correcte. Il vous suffirait de glisser ces accords successivement dans les mesures pour réaliser un morceau simple partant du degré I et aboutissant à la fin à nouveau au degré I.

Mais s'il n'y avait que cette règle, cela deviendrait vite monotone de tourner ainsi en rond... Nous allons continuer à analyser ce tableau et à en déduire d'autres règles pratiques.

Par exemple si on inverse cette règle, on peut remonter le courant : l'effet n'est pas aussi fort que dans le sens original, mais la pratique vous montrera que c'est aussi utilisable.

13.5. Les notes communes

Notre première règle pratique a été établie sur base du rapport mathématique simple entre certains degrés, rapport qui rend ces enchaînements naturels puisqu'ils ont une note en commun dénominateur de fréquence. Un lien de parenté entre deux accords peut également se constuire sur base des similitudes entre ces accords. Prenons par exemple le cas des accords comportant deux notes en commun. L'accord I (Do) comporte les notes Do-Mi-Sol. L'accord VI (La) comporte les notes La-Do-Mi. Ces deux accords comportent donc les notes Do et Mi en commun. Ces deux notes forment un lien de similitude entre les deux accords et en enchaînant ces accords l'effet sonore est très correct.

Sur le tableau ci-dessus, les accords d'une même ligne qui ont deux notes en commun sont séparés par une case intermédiaire. Autrement dit, le degré I a deux notes communes avec le degré III, qui a deux notes communes avec le degré V,... Notre seconde règle sera donc :

Sur la même ligne, en décalant de 2 cases vers la gauche ou vers la droite, on obtient un enchaînement correct.

A nouveau, le degré VII est plus délicat, tout simplement parce qu'il est construit sur des notes dissonantes. Il ne faut pas en abuser car l'effet est particulier.

Cette seconde règle est probablement moins universelle que la première car une progression d'accords faite uniquement d'accord ayant deux notes communes sera plus vite lassante que la progression vue plus haut. Mais cette règle nous donne néanmoins de nouvelles libertés, car on peut la combiner à la première règle et de nombreux chemins s'ouvrent.

Enfin, établissons comme troisième règle :

Occasionnellement rien ne vous empêche de passer directement d'une case à sa voisine, dans un sens comme dans l'autre.

L'effet sera assez différent selon la colonne et s'expliquera par des phénomènes différents. En règle générale, effectuez cet enchaînement de manière isolée, entre deux enchaînements issus des deux premières règles. En effectuer deux de suite sera d'un mauvais effet.

Adoptons une quatrième règle résumant l'importance relative des degrés d'une gamme :

Gardez à l'esprit que les degrés les plus importants dans la gamme sont le I, V puis les IV, II, puis le III, VI et enfin le dernier le VII qui est à utiliser avec parcimonie

Résumons ces conseils comme suit. En restant sur la même ligne :

En combinant ces points, vous pouvez déjà créer un très grand nombre de parcours harmoniques. Le meilleur conseil à vous donner maintenant, c'est de pratiquer. Retournez ces règles dans tous les sens, exploitez les mouvements possibles et écoutez les effets sonores produits. L'habitude vous mènera à prévoir l'effet qu'un passage aura et donc à pouvoir le choisir en toute connaissance de cause. Par la pratique, vous pourrez aussi repérer les enchaînements d'un moins bon effet et apprendre à les éviter. Le but de cet apprentissage est d'associer dans votre mémoire un enchaînement d'accords avec l'effet sonore qu'il produit, de manière à ce que votre intuition puisse ensuite utiliser cette connaissance et vous guider pour choisir vos accords.

13.6. Utiliser plusieurs gammes

Jusqu'à présent, nous vous avons conseillé de travailler sur la gamme commençant par Do. Mais le principe est tout aussi valable en travaillant sur n'importe laquelle des 12 lignes du tableau. Le nom des notes est décalé, mais les degrés restent les mêmes et les règles précédentes sont effectives dans toutes les lignes du tableau.

Voyons maintenant comment passer d'une ligne à l'autre pour élargir l'horizon harmonique. En musique, changer de gamme (ou de ligne dans notre tableau) s'appelle une "modulation". Là aussi, pour que l'effet soit agréable il faudra respecter quelques règles, fondamentalement bassées sur les règles vues précédemment, mais s'appliquant un peu différemment.

Nous avons déjà fait remarqué que certains accords se retrouvent dans plusieurs lignes. Lorsque vous sélectionnez un accord sur une ligne et qu'il existe sur d'autres lignes, cet accord est dessiné en bleu clair sur ces autres lignes, pour vous aider à le repérer facilement. Comme l'accord est exactement le même, cela signifie que cet accord est une sorte de croisement entre les deux gammes et nous pouvons l'utiliser comme passage. Nous en tirons donc immédiatement notre règle suivante :

Lorsqu'un accord joué se retrouve sur une autre ligne (gamme), vous pouvez alors appliquer les règles 1,2,3 et 4 en repartant de cet accord, mais en appliquant le mouvement sur cette autre ligne (gamme). Vous avez modulé.

Prenons par exemple l'enchaînement (dans la gamme de Do) suivant :

I (Do) ==> V (Sol 7) ==> II (Ré min)

Au moment où le Ré min est joué, vous pouvez observer que cet accord est dessiné en bleu clair sur la ligne inférieur (gamme de Fa) et sur la ligne encore inférieure (gamme de Si bémol). Si vous cliquez ensuite sur cette dernière case (Ré min deux lignes plus bas), vous n'entendrez aucune différence sonore puisque c'est le même accord. Vous pouvez maintenant considérer que vous vous trouvez dans la gamme de Si bémol, mais cette fois vous êtes sur le degré III. On a donc une équivalence sonore entre les deux gammes. Vous pouvez maintenant effectuer un enchaînement basé sur les règles étudiées, mais appliquées à cette nouvelle gamme. Un exemple parmi d'autres :

III (Ré min) ==> IV (Mi b) ==> I (Si b) ==> V (Fa 7)

Remarquez qu'un seul accord hors contexte ne détermine pas à lui seul la gamme dans laquelle on se trouve, car il peut potentiellement appartenir à plusieurs gammes. C'est le contexte (les accords qui le suivent ou le précèdent) qui affirmera une gamme ou une autre, compte tenu des degrés qui seront mis en valeur par le discours musical et harmonique.

13.7. Mouvements verticaux

Une des propriétés du tableau des accords est qu'en descendant d'une case, l'intervalle est le même que lorsque vous appliquez la règle 1 (4 cases à gauche ou 3 droite), exception faite de la dernière colonne qui est plus particulière.

Prenez par exemple l'enchaînement :

I (Do) ==> IV (Fa)

Vous remarquerez que le même accord de Fa se trouve également sous le I (Do) mais il est alors le premier degré de la gamme de Fa : I (Fa). C'est néanmoins le même accord et l'effet sonore obtenu est donc le même. Pour les autres colonnes, le principe reste le même, mais le type d'accord est parfois différent. En évitant la colonne VII, nous établissons notre règle suivante :

Vous pouvez descendre d'une case dans le tableau et produire un enchaînement correct

Cela s'explique par le fait que c'est un enchaînement similaire à l'enchaînement de type V vers I (rappelez-vous que physiquement cela correspondant à un rapport de fréquence de 3/2, qui établit une harmonie très proche entre les deux degrés). La note fondamentale est la même, même si en fonction de la colonne le type d'accord est différent.

De même, un effet correct est atteint en prenant le sens contraire :

Vous pouvez monter d'une case dans le tableau : l'effet créé reste satisfaisant

Remarquons que le tableau est cyclique verticalement et lorsque vous arrivez à la dernière ligne, le fait de revenir à la première ligne du tableau (en restant dans la même colonne) donne également le même effet. De même en remontant jusqu'à la première ligne, vous pouvez continuer en repartant du bas. C'est une bande de papier circulaire. Pour des raisons qui sortent du cadre de ce manuel, il y a une discontinuité dans le nom des notes en passant de la dernière ligne à la première ligne, mais harmoniquement (donc à l'audition), il n'y a pas de différences.

13.8. Modulations diverses

Vous constaterez que la modulation (le fait de changer de ligne) produit des effets plus marquants que de rester dans la même ligne. C'est un peu comme un changement de paysage lors d'une vue panoramique, on passe d'une vue montagneuse à une plaine, puis à l'océan,... Ce changement d'atmosphère est d'autant plus marqué que les lignes sont plus éloignées l'une de l'autre. Ces effets peuvent être utilisés pour changer d'atmosphère, mais en abuser pourrait donner l'impression d'une instabilité, comme si la composition n'arrivait pas à trouver un équilibre. A utiliser donc en fonction de l'effet désiré.

Voici quelques effets de modulations qui ont chacun leur couleur propre. Expérimentez-les, mais évitez toujours d'y inclure la colonne VII. Ces effets changent de gamme et provoquent tous des variations d'atmosphère, en fonction du type d'accord. Le mieux est de les essayer et de les glisser subtilement dans vos compositions lorsque l'effet correspond à ce que vous voulez exprimer.

Les règles de base qui expliquent la majorité des enchaînements qui sonnent bien peuvent se résumer à la présence d'un ou plusieurs des éléments suivants :

Pourquoi l'application de ces règles produit-elle des enchaînement donnant un effet sonore satisfaisant ? Une étude acoustique des vibrations sonore pourrait y répondre de manière plus complète. Mais le principe fondamental semble être "Qui se ressemble, s'assemble". Autrement dit, le fait de placer l'un après l'autre deux accords qui ont des similarités, produit chez l'être humain une logique musicale généralement acceptée. L'oeuvre qui en est déduite garde une cohérence, une impression que cela va bien ensemble. L'oreille peut instinctivement ou de manière entraînée, "suivre le lien" entre les deux accords. De manière imagée, on peut placer le pied droit sur une nouvelle marche (l'inconnu) sans avoir encore levé le pied gauche de la marche précédente (le connu), qui assure un point d'appui (une référence) pour le passage à la marche suivante.

En partant de ces règles, de nombreux autres enchaînements peuvent être déduits. Nous nous limiterons à en citer quelques uns.

En voici par exemple qui sont formés de mouvements obliques. Vous pouvez les utiliser en tenant compte que le tableau est cyclique horizontalement comme verticalement. Comme précédemment, évitez la colonne VII. Selon la colonne, l'effet sera différent, car les types d'accords sont différents.

Voici une autre règle permettant de générer des modulations agréablement. Elle est basée sur le fait que les accords concernés ont la même note fondamentale :

Vous pouvez obtenir un bon effet en enchaînant deux accords qui ont la même note de base

Essayez par exemple l'enchaînement suivant (ici les colonnes et lignes n'ont plus d'importance, basez-vous sur le nom de la note de l'accord) :

Sol min ==> Sol min b5 ==> Sol 7 ==> Do

Tenez compte du nom de la note, mais aussi de son altération ("Do 7" a comme base "Do", mais "Do# min" a comme base "Do#" et non "Do"). Remarquez que le second accord ci-dessus appartient à la fameuse colonne VII. C'est un moyen facile de l'utiliser en l'amenant par un accord qui lui est fort similaire.

Lorsque vous vous trouvez sur une colonne VII, voici quelques possibilités pour l'accord suivant :

Vous l'aurez compris, les possibilités sont nombreuses et il faudra vous familiariser avec les divers mouvements d'accords. Et pour cela, il n'y a pas de miracle : il faudra pratiquer, pratiquer et encore pratiquer ! MUSIC-TOUCH vous donne l'outil nécessaire à cette pratique, maintenant c'est à vous de l'utiliser...

Remarquez que plusieurs tableaux d'accords sont disponibles. Un menu déroulant apparaît en cliquant le titre de ce tableau d'accords et vous permet de choisir parmi plusieurs autres tableaux. Une fois que vous aurez expérimenté le tableau de base, vous pouvez travailler les autres. En particulier, vous trouverez un tableau comportant les accords de septièmes et de neuvièmes, qui sont beaucoup plus riches et très utiles pour le jazz notamment.